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Colors of Helsinki

Dans son théâtre du blanc et de l’éblouissant, la Finlande enfile ses habits colorés. Les pastels se mêlent aux ocres, les aplats composent avec les étendues profondes et les gammes de couleurs s’alignent à travers le paysage.

Photographie argentique, Helsinki
Avril 2018

White Finland

Le soleil finlandais se promène et caresse les formes et les volumes de sa lumière tantôt feutrée, tantôt aveuglante. De la grisaille des blocs de pierre à la blancheur immaculée des blocs de glace, il s’étend et prend toute la place. Ses lignes et ses ombres se déplacent, soulignant un éclat sans fin, quitte à éclipser toute persistance colorée sous un voile de reflets éblouissants. Il serait prêt à parer n’importe quel espace de sa petite chaleur, à envelopper n’importe quel caillou de son étourdissante douceur.

Photographie argentique, Helsinki
Avril 2018

Atelier

Atelier,
Espace mystique, lieu fantasmé, surface captivante, endroit d’existence.

Atelier,
Contours flous, bribes lumineuses, traces de passages, odeur du temps.

Atelier,
Coins exotiques, recoins poussiéreux, place incarnée, cadre vivant.

Atelier,
Renaissant toujours de ses cendres, construit pierre après pierre, vieux monstre endormi, réveillé par le bruit des habitants.

Atelier,
Outils choisis, ustensiles efficaces, instruments créés, mains chorégraphiées.

Atelier,
Objets rapportés, machins aléatoires, matières récoltées, laissant glisser le regard.

Photographie argentique, Paris
Janvier 2016

Sur les toits

Grande, petite, grosse, mince, tordue, bedonnante, difforme, avec un chapeau, sans chapeau, noire, rouge, ocre, brune, brillante, mate, sale, neuve, par deux, par trois. La cheminée parisienne est aussi unique que diverse. Adossée à mon balcon de fenêtre, je les scrute et j’en mémorise les moindres détails. Je les photographie pour garder une trace de ces observations.

Photographie argentique, Paris
2014-2018

Ma Lorraine  » Être Lorrain » (SIC)

C’est quoi «être Lorrain ?»

C’est manger de la quiche
C’est aimer l’Alsace, tout en adorant la détester
C’est aller faire ses courses en Allemagne ou en Belgique, parce que c’est moins cher
C’est trouver les pays voisins plus cool que le nôtre, mais sans aller y vivre
C’est utiliser des mots et des expressions que personne d’autre ne comprend, sans le savoir
C’est faire au moins deux germanismes par phrase, sans le savoir
C’est skier dans les Vosges et se baigner à la Madine
C’est aller au Centre Pompidou-Metz, sans rien comprendre à l’art contemporain, mais puisqu’il est là…
C’est faire les soldes avant tout le monde

C’est manger des Knödel, des Lioner et des Kichles
C’est posséder un plat à Bäckeofe, ainsi qu’un Schwenk et une Spritzmachine
C’est fêter Noël du 30 octobre au 31 janvier
C’est rêver d’avoir un travail en Suisse ou au Luxembourg
C’est boire une mirabelle, et être saoul au premier Schlouck
C’est clancher la porte parce que ça tire, et faire des flots sur les paquets cadeaux
C’est manger entre midi une Schneck aux raisins
C’est avoir, pour certains, des cours de religion à l’école publique, des jours fériés supplémentaires, et des prêtres fonctionnaires
C’est avoir un voisin qui s’appelle Schmitt, Becker ou Müller

C’est suivre chaque année l’élection de la reine de la mirabelle
C’est dire qu’il y a un peu de neige, quand on avoisine les 20 cm de poudreuse
C’est dire qu’il fait chaud dès qu’on approche les 20 degrés
C’est avoir une voiture, avec des roues neige, parce que les transports en commun sont plutôt rares, surtout quand il y a de la neige
C’est habiter près d’une ville qui finit en -ange, -bach, -ouse, ou en -ing
C’est fêter la Sainte-Barbe, et plus encore, la Saint-Nicolas
C’est se moquer des querelles entre Metz et Nancy, tout en faisant bloc face à Strasbourg
C’est faire son shopping à Talange ou à Zweibrücken
C’est être allé, au moins une fois dans sa vie, au Luxembourg

C’est avoir des grands-parents qui ont connu la guerre de près et qui te racontent des anecdotes pleines de leur accent à couper au couteau
C’est vivre près de hauts fourneaux, de chevalements ou de manufactures, qui ont fermé, ou vont sûrement fermer bientôt, car en Lorraine tout ferme
C’est vivre dans une ancienne cité industrielle, quelle que soit l’industrie en question
C’est avoir un musée de la céramique, du verre, du cristal ou de la mine
C’est avoir au moins un ancêtre mineur, ou verrier, ou métallo
C’est connaître des chômeurs, beaucoup de chômeurs, ou des retraités des mines
C’est avoir des parents qui ont commencé à travailler à 14 ans, pour partir à la retraite à 45
C’est donc connaître des gens qui passent une quarantaine d’années à la retraite
C’est avoir croisé tes voisins dans des voyages du comité d’entreprise

C’est faire 30 kilomètres de voiture pour acheter un livre, ou aller au cinéma, alors que dans ton village, il y avait deux cinémas, «à l’époque»
C’est râler, car on est dans un village paumé, tout en râlant, car les grandes villes sont trop bruyantes
C’est habiter à moins de deux heures de Paris en TGV tout en haïssant viscéralement la morne vitesse de la capitale
C’est avoir des anciens intarissables sur les histoires qui commencent par «à l’époque»
C’est connaître des personnalités du village, et les croiser à chaque fête
C’est aimer les clichés
C’est avoir tenté de partir, et avoir ensuite connu le mal du pays
C’est croiser chaque jour les vestiges d’années merveilleuses que l’on n’a bien souvent pas connues
C’est se demander de quoi vivra la région demain, puis aller boire une mirabelle, pour oublier

Être Lorrain, c’est avoir une culture qui, comme toutes les cultures, s’apparente à d’autres sans jamais leur ressembler.
Être Lorrain, c’est être héritier de la petite histoire dans la grande, de l’industrialisation à la fin des 30 glorieuses en passant par les guerres.
Être Lorrain, c’est se souvenir du passé, pour savourer le présent, et ne surtout pas penser au futur.

Photographie argentique, Petite-Rosselle, Sarreguemines, Metz, Meisenthal
2015-2021

À travers la France

Après avoir arpenté Paris dans tous les sens, se rendre dans une gare. Prendre un train, pour une raison quelconque, ou pas, d’ailleurs. Se laisser porter par la machine qui démarre, accélère, traverse les forêts, les villes, les champs, les rivières. Descendre. Ouvrir les yeux. Prendre une voiture, parcourir des kilomètres les yeux grands ouverts, capter des bribes, des moments, des espaces. Se nourrir des formes, des couleurs, des lumières, suspendre le temps quelques heures avant de repartir dans la vitesse du quotidien.

Photographie argentique, Strasbourg, Lourdes, Morlaix, Paris, Étables-sur-Mer, Rennes, Saint-Malo
2014-2023

Pérégrinations Parisiennes

Des Abbesses au Pont-Neuf et de l’Avenue Mozart aux Buttes Chaumont, je marche. De Place de Clichy à Temple, de Stalingrad à Gare de l’Est, je trace. À Bastille ou à Crimée, je plongerais presque. De Goncourt à Hôtel de Ville, je flâne. Madame République m’indique le chemin, aidée par les éternelles mouettes du Canal. Dans le Troisième, je me perds. Bretagne, Poitou et Picardie s’entremêlent et le Calvaire se dessine. De place en musée, d’avenue en jardin, les femmes et hommes figés dans le marbre de l’éternité m’apaisent et me rappellent l’histoire des lieux que je traverse. Les yeux derrière l’objectif, le chemin s’éclaire.

Photographie argentique, Paris
2013-2021

Bleu Normandie

Du matelot sur son voilier amarré au port de Deauville au parisien qui glandouille avec les enfants le week-end au Jardin du Luxembourg, il n’y a qu’un pas. Un si petit pas, que parfois le parisien se prend pour le marin. Transat sous le bras, il attend sur le quai de la Gare Saint-Lazare le train de 8h45 pour Deauville. Marinière sur les épaules, cheveux aux vents, il se fendra de son plus beau sourire dès la porte de la gare, au moment où une légère brise au goût salé viendra lui caresser le visage. Loin du cliché de Deauville, la belle « Place to be », ces quelques kilomètres de côte représentent une vraie pause dans le tumulte parisien. Une bouffée d’air, une bourrasque de vent qui te prend et t’emporte jusqu’à Trouville, ou même jusqu’à Honfleur. Ces paysages semblent tout droit sortis d’un livre d’enfant, dont on tournerait les grandes pages comme s’enchaînent les « ohh, regarde ». Une maison, une plage, une voiture, une mouette, un phare … Bleu Normandie, c’est la version sublimée de l’escapade entre amis.

Photographie argentique, Deauville, Trouville
2014-2021

Votre quotidien

Entre commerce transparent dans lequel on achète son journal avant de s’engouffrer dans le métro pour une morne journée de plus et lien fort avec son kiosquier, qui nous gratifie d’un sourire chaque matin, quelle est la place du marchand de journaux dans notre vie ?

À Paris, comme en province, ils font partie du paysage de nos rues, on passe devant, sans toujours les voir. Mais que serait notre quotidien s’ils n’étaient pas là ?

Photographie argentique au sténopé, Paris, Bitche
2013-2014