Installations

Une chose + une deuxième chose = une rencontre. Ainsi pourrait se résumer ma pratique de l’installation. J’aime accumuler au quotidien et juxtaposer des objets. Les rencontres d’éléments variés, fussent-elles provoquées ou fortuites, m’inspirent dans mon travail sculptural. En tant que céramiste, les tables dressées constituent mon univers de prédilection puisqu’elles ont trait à la mémoire collective et à l’interaction humaine, mais j’aime également m’aventurer hors des sentiers battus, dans la nature. Les rencontres de matières et de techniques d’hier et d’aujourd’hui, d’ici et d’ailleurs sont au cœur de mon processus créatif. C’est ensuite par la rencontre de pièces uniques ou multiples au sein d’un dispositif qui les transcende, que je plonge le visiteur dans des univers invitant à la réflexion et au dialogue.

Dans la forêt

La forêt est un lieu familier de tous et chacun l’associe à des souvenirs, des images et des odeurs. L’image conventionnelle de la forêt nous donne une représentation de tons de verts, d’animaux et de promeneurs. Mais que la forêt nous donnerait-elle à voir, si on la concevait comme créateur, artiste, designer ? C’est l’idée développée dans le projet collectif Wald/Ästhetik.

Installation de 301 feuilles uniques de hêtre en grès noir, porcelaine et grès rouge, faites et numérotées à la main sur un long socle rétroéclairé
Septembre 2018

Ce projet a été exposé à la maison forestière du Neuhaus à Sarrebruck (Allemagne) en 2018.


Salz & moutarde
Ajouter son grain de moutarde // Sein Salz dazu geben
Coup d’œil dans l’assiette du voisin

Des quais de Loire aux quais de Sarre, le projet Salz & Moutarde propose de construire des ponts entre Sarrebruck et Nantes, à travers les habitudes alimentaires de leurs habitants et les a priori sur celles des autres.

L’assemblage d’une expression française et de son pendant allemand souligne le contexte et l’aspect collaboratif du projet. Un croisement culturel et une rencontre au cœur de l’assiette qui trouvent leurs origines au détour de conversations truffées de souvenirs et d’anecdotes, mais aussi de clichés et de projections sur l’autre côté de la frontière.

Cette exploration du contenu amorce une réflexion sur le contenant, sa forme, ses décors, ses aspérités : un regard croisé sur nos repas, comme une invitation à manger ensemble.


Grès sérigraphié à cru, estampé, modelé et partiellement émaillé, pièces uniques et sérigraphie sur papier
Juillet-août 2018

Ce projet a été réalisé en partenariat avec Hélène Burel, designer graphique dans le cadre d’une résidence en lien avec le jumelage des villes de Nantes et Sarrebruck. Il a été mené avec le soutien de la Ville de Sarrebruck, de la Ville de Nantes, de Nantes Métropole, du Förderverein de la HBKsaar, de Comptoir des Matières et de l’Institut de l’Engagement. Il a été exposé en août 2018 à Sarrebruck et en octobre 2018 à Nantes.


Celebrate
Créés autour de la thématique « célébrer l’opulence », ces verres sont moins pensés dans un but utilitaire que dans l’idée d’illustrer les gaspillages qui découlent de l’opulence. Celle-ci s’ancre dans un univers visuel partant des scènes de galettes des Rois de Jordaens pour aller jusqu’aux photos de Kim Kardashian par Jean-Paul Goude. 
Ces verres s’ordonnent en deux séries, l’une interactive, l’autre plutôt narrative, mais poursuivant toutes deux le même but. La première se compose de verres à bord larges qui font couler l’alcool autour de la bouche et le long du cou si on essaye de s’en servir. La seconde, dédiée au vin rouge, évoque le faste d’une soirée de plaisirs alcoolisés, et les verres sales restés sur une table abandonnée au petit matin, à travers la présence d’un point rouge dans le fond du verre. 
Ces verres, créés en parallèle des carafes à long cou de Dean Weigand, participent à une entreprise commune : créer une image de l’opulence 2.0 avec laquelle nous composons et jouons au cours de ce projet.


Verres à vin rouge avec point coloré et verres à alcools avec bords larges, en verre moulé et soufflé
Mai 2018

Ce projet a été réalisé en partenariat avec Dean Weigand, designer d’objets et le CIAV de Meisenthal. Il a été exposé à la Designblok 2018, salon de la mode et du design de Prague.


Random +
Dans un monde où la vaisselle quotidienne est de plus en plus normée et passe-partout, Random s’élève telle une version contemporaine du rapport des potiers japonais avec le hasard et l’acceptation d’une forme non normée (Wabi-Sabi). Les bols de la collection sont créés à partir d’un générateur de formes que j’ai conçu. Ils se définissent par 5 paramètres caractérisant la culture selon l’UNESCO (comme la région d’origine, les croyances ou le métier), à travers le filtre de la machine. Cette tentative d’observation et de classification de différentes composantes d’une culture a pour but de créer une cartographie culturelle à travers la perspective des arts de la table.


Bols moulés à partir de bols générés par un programme en fonction de caractéristiques culturelles, porcelaine émaillée
Novembre 2017 – avril 2018

Naissance de la forme
À travers la rencontre d’un lieu et le développement d’un registre formel, j’ai essayé de comprendre l’essence du travail de céramiste. Construire son espace de création et faire grandir la forme de ses mains, tout en se souvenant d’où elle vient (les origines de l’artisan, mais aussi de sa matière), voilà pour moi le cœur du projet. Les formes trouvent leur source dans l’atelier, lieu mystique et objet de tous les fantasmes, qui, tout comme l’œuvre, ne cesse de se constituer au fil du temps. Les matières premières de l’atelier se confrontent aux matériaux récoltés autour de celui-ci et c’est ensemble qu’ils participent à la détermination de la forme. Ces pièces ainsi nées s’exposent, in fine, dans l’atelier qui les a vu naître sur des sellettes de sculpture et viennent à leur tour participer à la vie de l’atelier par leur présence.

Installation in situ, sculptures en porcelaine papier et émail de cendres, grès roux poli et marne du Kreuzeck et en terre recyclée de l’atelier céramique, cuite au four à bois, sel et fougères
2015-2016

À travers le mur
Chaque Allemand a son histoire du mur à raconter, chacun a construit ses propres souvenirs à travers la chute du mur. L’histoire du mur, ce sont des millions d’histoires. Des histoires de familles, d’amis. Des histoires d’hommes. Des tentatives – fructueuses ou non – de passage d’un côté à l’autre du mur, aux embrassades, mains qui se serrent et retrouvailles qui conduisent à la réunification.


Sculpture composée de modules tournés en grès mêlés et modelés en terre recyclée, cuisson four à bois
Juin 2015

Le banquet

Quatre formes archétypales inspirées de la gestuelle du céramiste.
Trois terres immigrées, éloge du nomadisme.
Trois échelles déclinées, vertigineux équilibre.

À terre, codes et protocoles !
Ici, ça s’empile, ça s’entasse, ça mute et ça se déplace.
Formes pleines, formes vides, formes utiles, formes abstraites,
Toutes s’imbriquent, se superposent, se greffent et s’assemblent.
Le surtout s’élève, la table se dresse, un paysage se profile.
Le tumulte s’ordonne, l’altitude s’estompe,
La chorégraphie se dévoile, les convives s’installent.

Installation, faïence émaillée, grès et terre de l’atelier
Janvier 2015

Ce projet collectif du DMA Céramique de l’ESAA Duperré a été exposé en 2015 au Musée des Arts Décoratifs de Paris et notamment pendant la nuit des musées, ainsi qu’au salon Céramique 14 à Paris.